AWASE ET KI MUSUBI
Dans le Seitei jodo, il s’agit jusqu’au 5em dan de s’occuper essentiellement de ce que l’on fait dans la forme requise et dans l’application des principes demandés.
Au delà du 5em Dan vous devrez prendre en compte une autre notion : il va falloir davantage s’occuper de ce que l’autre fait. Ce sont ces notions de Awasé ( joindre, unir ) et Musubi ( nouer, lier ) qui seront essentiellement considérées. C’est cela qui fera ressortir la pratique d’une manière différente.
Le Sabre est un support d’étude. Il doit offrir le socle le meilleur pour l’étude des formes et des principes. Le Sabre est là pour que l’autre puisse étudier et s’exprimer. Il n’est pas là pour le gêner.
Le principe le plus important du Budo est entraide et la prospérité mutuelle. Cela est la clé de voute et l’aboutissement du Budo. Être un ken formateur c’est offrir à l’autre une possibilité de pratique.
Dans le Seitei il est question de ce point : dés que le ki de l’adversaire se met en marche, je lui montre que j’ai capté son intention en bougeant simultanément et que je peux le contrer, ce qui pourrait annihiler son attaque avant même qu’elle n’ai commencée. Le Seitei est l’étude du Sen no Sen et de la recherche de l’état de Mushin.
Le Budo est une étude sur soi dans le but de devenir meilleur pour soi et pour la société. Principe le plus important est « Entraide et prospérité mutuelle » C’est la clé de voute et l’aboutissement du Budo
Un jutsu est l’étude sur mon rapport à l’autre dans le but soit de le contraindre soit de le vaincre.
Un Katana n’est pas un Tachi…..
Sur un champ de bataille, on utilisait un Tachi. Ailleurs, à l’intérieur d’un village, château, maison, on utilisait un Katana. Il était plutôt utilisé dans des situations de combat de rue et non sur de vastes champs de bataille. En intérieur, on n’avait pas à faire avec des gens qui portaient des armures mais plutôt faire face à de situations qui surgissaient à l’improviste.
Un pistolet et un fusil sont deux armes à feu mais leurs caractéristiques ne sont pas identiques donc leur emploi sera différent. Idem pour les sabres. Le poids d’un katana était beaucoup plus léger qu’un Tachi
Les critères reconnus pour la coupe sont ceux de la coupe avec un Katana et non ceux avec un Tachi. Autre comparaison un 7,65 est une munition de défense, un 9mm est une munition de guerre toutefois les deux sont mortels.
Un tachi est un sabre lourd, un tranchoir destiné à couper des parties d’armures , des parties protégées, des hampes de lances, des parties dures etc vous ne pouvez allonger les bras : le poids de l’outil conditionne son utilisation. On peut couper en allongeant les bras et les mains si le sabre est suffisamment léger, c’est à dire si c’est un katana.
A l’âge d’or du sabre qu’était le 15e siècle le katana mesurait alors 55/60cms, maniable à une main très facilement.
Sur un champs de bataille en Occident, si on devait affronter des adversaires en armures on utilisait une épée à deux mains ( 13 kg ) ou un fléau d’arme s’il avait un casque mais sans armure un bâton aurait suffit .
Un kata exprime une situation déterminée, ce n’est pas un combat dans le sens d’affrontement : il est donc inutile de dire à votre partenaire que vous pouvez le couper autrement. Un combat est quelque chose de libre sans règles, ni contrainte. Et bien souvent indépendamment de la technique, c’est le plus vicieux qui triomphe
Revenons ce que doit être l’état d’esprit dans l’entrainement entre le Sabre et le Baton durant le Seitei Jo. Dans l’état d’esprit d’un budo, la notion d’opposition, et encore moins d’affrontement dans le sens comparaison des forces n’a pas lieu d’être à l’intérieur des Kata.
La coopération pendant la pratique conduit à une étude plus approfondie qui crée un espace actif de recherche et de progression sans esprit de rivalité. Dans cette situation, il n’y a ni vainqueur ni vaincu puisque le kata n’est pas un combat.
La recherche du gain ayant disparu, on est en mesure de focaliser son attention plus profondément sur des notions beaucoup plus importantes comme: comment s’entrainer et agir sans donner à l’autre l’envie de réagir contre soi …
Il faut insister sur ce principe très important : La coopération va générer, entraide et prospérité mutuelle et non la division. Gagner où perdre ne pouvant que créer des êtres artificiels ; En s’entrainant de cette manière le corps réponds d’une manière de plus en plus naturelle. On ne peut rien construire si le rapport avec l’autre et basé sur la méfiance ou la force. Le Sabre ne doit pas chercher à abattre l’autre à tout prix, ni l ‘empêcher de faire ses techniques : un kata n’est pas un combat. On doit réciproquement dans un Budo respecter l’intégrité de l’autre. De cette manière les deux vont pouvoir développer de grandes capacités car ils ne pensent pas à se gêner réciproquement mais s’entraident. S’il n’en était pas ainsi, il y aura obligatoirement confrontation et une saine pratique ne sera plus possible. Il me paraît important de souligner cet aspect de la pratique qui est, d’après ce que je peux observer, loin d’être clair pour certains pratiquants. Lorsque les Sensei Japonais parlent de ne pas confondre les Seitei et les Koryu ils parlent surtout de L’état d’esprit mis lors de la pratique qui inexorablement va se refléter dans sa technique.
Toutefois il ne faut pas confondre coopération ( ken formateur) et connivence ( ken de service ). La réalisation des techniques passe par un travail très rigoureux de connexion. La rencontre lors de la prise de garde est une connexion ; Kuri Tsuké, Kuri Hanashi, Tai Atari sont des connexions facile à comprendre , plus difficile est de comprendre que la frappe de Tsuki zué ou de Monomi sont une connexion avec l’instant de la coupe du Ken. La relation à l’autre n’est en fait que la connexion à l’autre (Awase et Musubi ). Peu à peu cette connexion deviendra un ressenti.
Le but d’un Budo est d’apprendre d’abord « à sentir » et non pas à s’opposer. L’attaque doit être franche, sans excès d’aucune sorte puisqu’un kata n’est pas un combat libre. Le pratiquant de Seitei doit veiller à utiliser ces principes lors qu’il utilise le jo où le ken. Ainsi tout le monde peut pratiquer car l’entraînement repose sur des principes de dynamique. C’est seulement lorsque la pratique s’appuie sur ces principes précis que les sensations arrivent. Sinon on ne sent rien et on a aucune méthode pour évoluer.
Tout ceci découlant de la recherche de la connexion ( awasé ) avec l’autre, que le débutant ou le profane est incapable d’imaginer. Cette notion de connexion devant être recherchée par les deux.
Une pratique qui élève de manière significative le niveau technique, dépend en premier lieu du Sabre puisque c’est lui qui en attaquant, initie la première action .Le rôle du Sabre est très important. C’est la raison pour laquelle dans les écoles d’armes celui qui attaque est le plus expérimenté. Et cela est la seule raison. Il est donc sensé avoir compris ces points et les appliquer. Le Sabre ne doit ni figer son corps, ni bloquer l’action du Jo. Il ne doit pas utiliser de force excessive. Il utilise un Katana et non un Tachi. Le Sabre ne doit pas repousser le Jo en se raidissant, en tendant les jambes, il ne doit pas se jeter sur l’autre, il ne doit pas fuir en reculant par exemple pendant l’attaque, en coupant sur place, en tournant le corps, en s’asseyant. Repousser ou fuir sont les deux extrêmes d’une même logique : refuser la connexion. Le Sabre doit continuer à s’engager dans l’action à partir des pieds et des hanches et pas seulement des bras. Le Sabre ne doit pas s’accrocher, s’opposer au jo pendant la réalisation de la technique : Un kata n’est pas un combat libre: la situation est connue de part et d’autre. Le Sabre ne doit pas changer son action au cours de la réalisation de la technique. Si les deux protagonistes changent, le résultat donnera immanquablement une pratique en opposition.
Savoir couper est une technique : Si le sabre n’a pas de vitesse il ne coupe pas.
Si la coupe est trop rapide, elle n’a aucune précision.
Trouver cette exactitude de densité dans les coupes demande quelques années de pratique.
Tout cela sera difficile pour le Ken mais c’est là son travail : accepter les déséquilibres (Kuritsuke , Kurianashi ,Taïatari) et ne pas fuir dans aucune des trois dimensions de l’espace.
Le bâton ne doit pas se contenter d’arrêter la tsuka , mais par l’intermédiaire de ce contact se connecter avec la totalité du corps de l’autre et du sien. Le ken ne doit pas s’échapper ou contrer l’action du Jo . S’il le faisait on se retrouverait en situation d’opposition et non dans un kata ; Il doit simplement garder le contact et rester présent.
Rôle et état d’esprit du ken.
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l’attaque est une technique en elle même, étant donné qu’elle est originellement censée détruire. Question comment s’entrainer sur de pareilles actions ?
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L’autre problème rencontré par le Ken est de savoir si sa préoccupation est de fournir une attaque ou bien de le faire en pensant à se protéger.
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Le jo doit comprendre qu’il vaut mieux utiliser sa mobilité au lieu d’attendre de prendre un choc (bouger en même temps). Ce qui est logique lors d’une attaque statique devient rapidement infaisable et inutile dès que la chose devient dynamique.
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Il faut absolument pratiquer Ju no geiko (travail en souplesse) car un travail en Go no geiko (travail en force) se révèle stérile à terme.
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Que vise le Sabre dans l’entrainement ? La destruction de l’autre ou l’apprentissage de principes dans une forme stylisée ?
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Dans le seitei le Sabre est censé fournir les outils nécessaires à l’apprenant pour que ce dernier puisse développer ses compétences dans un cadre clair.….( a méditer ).
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Il arrive que parfois soudainement au lieu de tenir son rôle d’orienteur, de limiteur d’erreurs, le Sabre en vient à prendre un rôle de dominant. Cette attitude est à proscrire totalement dans le Seitei. Le côté reptilien refait surface et il oublie son statut de formateur. C’est parfois le cas avec des pratiquants anciens qui n’aiment plus trop être dérangés par les techniques d’un plus jeune et font tout ce qu’il faut pour ne pas sortir de leur confort (piège des grades).
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« Etre en phase » « Etre dans le temps » « Etre dans la distance » « Etre dans le mouvement.
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Le but n’est pas de savoir si cela marche où non.
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Et si le but de votre étude se résume simplement à un souci d’efficacité, souvenez vous que 98% des meurtres et assassinats sont commis avec des armes… de plus des armes actuelles.
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Dans tous les cas la manière de tenir son arme est essentielle pour réussir le « Awasé. » Nous avons tendance à pousser le ken ou le jo devant nous dans une attitude défensive dont le but est d’occuper l’espace. Il faut amener l’arme à soi et ainsi permettre une interpénétration des espaces. Dans tous les cas celui qui attaque sera alors tenté d’entrer profondément et deviendra facilement contrôlable .